Le métavers : mode déjà dépassée ou plus que jamais d’actualité ?

Tech RH

Après un fort emballement ces dernières années, le métavers continue d’interroger. Que cache ce concept derrière sa vision futuriste et révolutionnaire ? Serait-ce déjà la fin d’un modèle qui n’a jamais réussi à se démocratiser ? Ou au contraire, n’est-ce que le début d’une nouvelle ère vers des univers virtuels immersifs ? Pour tenter d’en percer le mystère, dressons aux côtés d’Emmanuel Moyrand, CEO chez Azteq et Vice-Président de France Méta, un état des lieux du métavers et les principaux usages dont peut tirer profit la fonction RH pour accompagner les entreprises dans leur transformation.

Métavers au service des RH
Temps de lecture : 9 minutes

Après un fort emballement ces dernières années, le métavers continue d’interroger. Que cache ce concept derrière sa vision futuriste et révolutionnaire ? Serait-ce déjà la fin d’un modèle qui n’a jamais réussi à se démocratiser ? Ou au contraire, n’est-ce que le début d’une nouvelle ère vers des univers virtuels immersifs ? Pour tenter d’en percer le mystère, dressons aux côtés d’Emmanuel Moyrand, CEO chez Azteq et Vice-Président de France Méta, un état des lieux du métavers et les principaux usages dont peut tirer profit la fonction RH pour accompagner les entreprises dans leur transformation.

Sommaire

Le métavers : une composante clé de l’internet de demain

Métavers : qui es-tu ? Avant de se plonger dans son étymologie pour en saisir sa substance, rappelons que le métavers est une pièce maîtresse d’un tout nommé : le Web3, un “mille-feuille technologie” composé de diverses briques.

Des composants opérationnels : 

  • l’accès par le biais de la réalité virtuelle (VR) ou augmentée (AR) à travers des dispositifs tels que des casques, des lunettes, voire même les futures puces neuralink,
  • l’avatar qui incarne notre identité numérique et qui, à l’avenir, pourrait même englober nos données personnelles.
  • le métavers, une entité qui enveloppe les univers immersifs (avec déjà 190 mondes virtuels existants), et qui promet de révolutionner le commerce en ligne grâce aux transactions basées sur les cryptomonnaies.
  • l’IA, véritable moteur du métavers, le rendant instantané, intelligent et hautement productif.

Des technologies qui rendent le web3 puissant et rapide en termes de capacité telles que :

  • la blockchain : que l’on pourrait définir comme une « chaîne de blocs », représente un mode de stockage et de transmission de données infaillible, comparable à un huissier de justice numérique, contribuant à prévenir la fraude,
  • les NFTs : ou « jetons non fongibles », sont des actifs numériques authentifiés et créés par le biais de la blockchain. Ils sont uniques et ne peuvent pas être échangés contre des équivalents,
  • les crypto-monnaies : ces monnaies virtuelles qui n’existent que sur Internet, jouent un rôle clé dans l’économie du Web3.

Bien qu’étant deux concepts distincts, métavers et Web3 ont vocation à se renforcer mutuellement. 

Le métavers est une association du mot « meta » (au-delà) et « univers », signifiant « un monde au-delà du nôtre ». Neal Stephenson l’a introduit en 1992 dans son livre Le Samourai virtuel (Snow Crash dans sa version originale). Il décrit un environnement immersif où les utilisateurs interagissent entre eux par le biais de leurs avatars. Emmanuel Moyrand explique : “la première version du métavers était très limitée car l’intelligence artificielle y était absente. Désormais, le métavers doit composer avec l’IA générative pour enrichir et alimenter continuellement cet univers immersif grâce aux agents virtuels (des personnages dirigés par l’IA dans le métavers) ou à l’automatisation d’actions et de prises de décision.

Selon l’expert, le métavers est en passe de connaître une croissance exponentielle d’ici 2025. En 2021, une étude de Morgan Stanley évoquait même la possibilité que les projets liés au métavers génèrent un chiffre d’affaires annuel de 50 milliards de dollars, rien que dans l’industrie de la mode et du luxe. Les mondes virtuels seraient donc encore en construction et leur potentiel semble immense.

De nombreux freins restent à lever avant une meilleure adoption

Avant de gravir les hauts sommets, le métavers doit faire face à de nombreux obstacles qui empêchent son adoption par les utilisateurs. Comme ce bon vieux “tamagotchi” que vous aviez jadis oublié de nourrir, le métavers peine à séduire en raison de sa relative pauvreté en nouveaux éléments, que ce soient des informations, des avatars ou des possibilités d’action, ce qui entraîne une perte d’intérêt de la part des utilisateurs.

Parmi les autres freins qui entravent encore l’adoption du métavers :

  • les coûts d’accès, qui peuvent être prohibitifs, notamment pour l’achat d’équipements de réalité virtuelle de haute qualité et l’accès à des connexions Internet à haut débit,
  • la complexité technique associée à la configuration et à la navigation dans les environnements virtuels, qui peuvent représenter un défi pour de nombreux utilisateurs,
  • les problèmes de confort et de santé liés à une utilisation prolongée du métavers, des préoccupations majeures qu’il convient de prendre en compte.

Ces difficultés doivent être surmontées pour que le métavers puisse se généraliser à grande échelle, aussi bien pour un usage personnel que professionnel. Selon les prévisions d’Emmanuel Moyrand, les progrès technologiques à venir, combinés aux investissements massifs des géants de l’industrie tels que les GAFAM, devraient contribuer à lever certains freins à l’adoption.

Pourquoi la fonction RH a tout intérêt à prendre le train du métavers ?

1. Une solution pour une évaluation plus précise des candidats

Si vous souhaitez, par exemple, optimiser votre processus de recrutement et évaluer précisément les profils des candidats, le métavers peut vous offrir de nouvelles perspectives. Il vous permet de créer des environnements virtuels dans lesquels les candidats sont soumis à des scénarios qui reproduisent fidèlement des situations de travail.

Qu’il s’agisse de réaliser une simulation d’entretien de vente, un entretien de recadrage ou de négocier avec des organismes syndicaux, les résultats de ce type d’expériences sont probants. La simulation via des univers virtuels peut réduire fortement le risque d’erreurs de recrutement, en permettant de tester le comportement des candidats. Comme l’explique Emmanuel Moyrand : « Les simulations en métavers peuvent être élaborées pour évaluer diverses compétences, telles que la prise de décision, la capacité à collaborer en équipe, ou même des compétences techniques comme la maîtrise de certaines technologies ou techniques d’intervention.« 

Exemple : le cabinet de conseil KPMG a eu recours au métavers pour évaluer les compétences en résolution de problèmes et en prise de décision des candidats. Les candidats étaient immergés dans un environnement virtuel où ils devaient résoudre des défis en temps réel. Une mise en œuvre qui a permis d’améliorer significativement la qualité des recrutements et de réduire les erreurs de placement.

2. Une aide pour permettre aux recruteurs de mieux saisir la réalité des métiers

Difficile pour un recruteur d’avoir une vision fiable et précise des différents métiers qui composent l’entreprise. Lorsqu’il s’agit de recruter, en particulier dans de grandes entreprises, certains postes restent difficiles à appréhender car très techniques ou aux contours flous. 

C’est là que le métavers se révèle être un allié précieux. Emmanuel Moyrand souligne que : « grâce à des simulations virtuelles réalistes, les recruteurs peuvent plonger au cœur des conditions réelles d’un poste et acquérir ainsi une compréhension approfondie des compétences nécessaires à la réussite. » Cette approche conduit à des processus de sélection plus efficaces.

Exemple : La NASA a réalisé de nombreuses simulations virtuelles. Elle utilise ces simulations pour former non seulement les astronautes, mais aussi les équipes au sol. Cette approche permet à chacun de comprendre les défis et les besoins associés à chaque poste. Un processus de sélection plus efficace émerge, et les équipes se trouvent mieux préparées pour affronter des missions complexes.

3. Un atout pour renforcer la transparence organisationnelle de l’entreprise

Le métavers se présente comme une plateforme idéale pour les réunions d’équipe et la diffusion des informations de la direction. Contrairement aux réunions traditionnelles ou aux visioconférences, il favorise une interaction dynamique et immersive, ce qui améliore grandement la qualité de la communication en la rendant plus transparente et efficace. Imaginez un dirigeant basé à Paris devant collaborer rapidement avec des équipes réparties à Dehli, Johannesburg et Rio. Emmanuel Moyrand explique que le métavers lui offre la possibilité, via son avatar, de se retrouver en quelques instants auprès de ses équipes, éliminant ainsi les contraintes géographiques. Cette expérience immersive est plus engageante qu’un simple appel à distance.

Selon l’expert, le métavers est une porte d’entrée vers : « une communication ouverte et transparente. Il s’agit d’un élément essentiel pour instaurer la confiance et l’engagement des collaborateurs. Les univers immersifs créent un espace interactif propice à la diffusion d’informations. De quoi renforcer la cohésion et la culture d’entreprise.« 

Prenons l’exemple du domaine médical où les plateformes de métavers sont utilisées pour des formations continues et des réunions d’équipe. Elles facilitent la compréhension des procédures complexes et contribuent ainsi à une plus grande transparence organisationnelle. Résultat : une amélioration de la confiance entre les équipes médicales et la direction, avec un impact positif sur la qualité des soins.

Le métavers : Un changement de paradigme majeur à venir

Selon Emmanuel Moyrand, la question du futur du métavers ne laisse que peu de place au doute : “À mon sens, le métavers ne représente pas simplement une tendance durable, mais plutôt un changement de paradigme. Tout comme le Minitel et Internet ont révolutionné notre façon de vivre et de travailler, le Web3 nous propulse dans une ère où nous serons immergés dans le métavers plutôt que de simplement naviguer sur Internet.” Pour l’expert, le métavers est déjà une réalité avec plus de 400 millions d’adeptes, principalement des adolescents âgés de 15 à 17 ans. Les entreprises devront nécessairement s’y impliquer.

Plus qu’une simple tendance, le métavers devient une réalité incontournable pour les professionnels RH. Si de nombreux freins empêchent encore une pleine acceptation, les entreprises ont tout intérêt à s’y lancer dès à présent car son essor ne fera que grandir au rythme des avancées de l’IA générative. Il s’agit, dans un premier temps, de se concentrer sur un cas d’usage RH précis. Une question subsiste : serons-nous capables d’exploiter son potentiel tout en respectant une éthique centrée sur la protection de la vie privée et la sécurité des données ?

Articles similaires

Pourquoi proposer une plateforme RH évolutive est indispensable aujourd’hui ?

Tech RH

En quoi l'interopérabilité de votre plateforme RH est un prérequis pour une utilisation sur la durée ?

Tech RH

3 idées pour mieux utiliser Chat GPT dans les ressources humaines

Tech RH

8 KPIs RH clés à suivre pour améliorer votre performance

Tech RH