De chimiste à PO : itinéraire d’un chef produit chez Lucca


Frédéric Pot n’est pas un PO (Product Owner) comme les autres. Non seulement, il gère le produit historique de Lucca mais il en est également le co-concepteur. Figgo est plus qu’une solution logicielle de gestion des congés et des absences, c’est 17 ans de sa vie. Retour avec lui sur ses années Lucca en mode confessions.

Comment tout a commencé pour toi chez Lucca ?

Nous sommes en mai 2000. Je suis un jeune ingénieur chimiste diplômé de l’ESCOM et d’un DEA de génie des procédés, qui obtient un poste de développeur chez Webnet, une société spécialisée dans les NTIC (comme on dit encore à l’époque).

Je rencontre vite Gilles Satgé, directeur administratif et financier de Webnet mais également en charge des projets informatiques internes. À cette époque, il réfléchit au moyen de moderniser le système d’information de Webnet lié à la gestion des processus administratifs : congés, frais et suivi des temps.

C’est à ce moment que tout démarre. Assisté par un chef de projet, on se donne 3 à 4 mois pour développer un logiciel permettant de gérer les congés et les RTT (issus de la toute récente Loi Aubry) pour l’ensemble des collaborateurs de Webnet.

Or, je n’ai encore jamais vu une ligne de code de ma vie (hormis le turbo pascal en école d’ingénieur que les geeks actuels ne considèrent pas comme du code de nos jours !), je ne connais pas non plus les règles de la comptabilité et, sortant de l’école, les notions de congés payés et de RTT sont plus que nébuleuses. Autant dire que le challenge est de taille.

Dès le début, l’interface utilisateur est au centre de nos attentions alors qu’on ne parle pas encore d’UX (User Experience). Ce sera la marque de fabrique de Lucca. Notre objectif : proposer un outil permettant de poser ses demandes de congés en 2 clics, tout en respectant les règles de gestion de la société.

Le délai est respecté et la toute première version de Figgo est déployée dans la foulée. Succès immédiat, la solution rencontre l’adhésion en interne et nous voyons immédiatement avec Gilles, le potentiel de l’outil. Ce qui n’est pas le cas du PDG de Webnet.

Début 2002, Lucca est créée. Nous sommes 4.

15 ans plus tard, avec le recul et l’expérience, quelles sont pour toi les qualités principales d’un PO ?

La première qui me vient sans hésiter c’est faire confiance.

Je ne suis ni informaticien ni comptable de formation. Lorsque l’aventure a commencé, j’ai appris au fur et à mesure mais pour durer et surtout innover, il a fallu admettre que je n’avais pas le background technique nécessaire pour emmener Lucca aussi loin qu’elle est aujourd’hui.

Dès que cela a été possible, j’ai recruté des personnes meilleures que moi et surtout je leur ai fait confiance. Ça n’a pas été très dur car je fais facilement confiance aux autres mais j’ai une règle : qu’ils acceptent de partager leurs erreurs et de faire leur autocritique.

En revanche, ce qui a été plus compliqué, et où réside la deuxième qualité essentielle d’un PO, c’était de passer du savoir faire au savoir faire faire.

C’est à dire ?

Je ne parle pas de compétences techniques puisqu’en recrutant des profils meilleurs que moi, je n’avais pas grand chose à leur apprendre. Je veux parler d’auto-gestion.

Aujourd’hui la team Figgo est suffisamment armée pour prendre des décisions de manière collective. Un PO doit enseigner à son équipe comment discuter et trancher sur les sujets même si tout le monde n’est pas d’accord. Quand je ne suis pas présent au bureau, je sais que tout est traité. Avoir réussi cela est probablement l’une de mes plus grandes fiertés.

Justement, quels sont les plus grands défis d’un PO ?

En tant que PO, mais comme dans beaucoup de postes requérant de “l’encadrement”, l’humain occupe une place importante.
Les gens sont bons ou ne le sont pas. En tant que manager, on n’y peut rien, on peut, en revanche, les aider à s’accomplir professionnellement, personnellement et à monter en compétences.

L’autre défi concerne évidemment le produit, qui doit rester le meilleur sur le marché mais en respectant la philosophie et la vision qui l’ont inspiré. J’ai toujours un œil sur la concurrence bien sûr mais l’idée n’est pas de faire dans la surenchère de fonctionnalités, au risque de dénaturer ou de complexifier l’outil.

J’ai d’ailleurs passé plus de temps à dire “Non” que “Oui” donc à gérer des frustrations. C’est le garant de notre devise : des solutions simples pour des besoins précis. S’il y a des évolutions à apporter, et il y en a toujours, la feuille de route est là. C’est elle qui rythme la vie de l’outil.

En parlant d’évolution produit, comment gères-tu les demandes ?

Pour arbitrer les demandes d’évolutions du produit, j’applique une règle de 3 :
la prise en compte de la complexité technique sous jacente (que j’évalue tout de suite) rapportée à la valeur ajoutée qu’elle procure au logiciel et au gain offert au plus grand nombre.

Certains clients veulent aller plus loin et faire en sorte que l’outil fasse à leur place mais on ne pourra jamais demander à Figgo de poser des congés à la place des utilisateurs.

A quoi ressemble une journée type ?

Il n’y en a pas vraiment, chaque journée est différente mais toutes sont rythmées par les rituels luccasiens : faire le café pour tout le monde, le daily meeting, le break du matin, les recettes des stories développées, le déjeuner en équipe, les réponses aux sollicitations des développeurs, mais également des autres fonctions dans l’entreprise : consultants,  commerciaux, partenaires … sans oublier la pause des champions.

Si tu pouvais adresser un message à la centaine de milliers d’utilisateurs Figgo, tu leur dirais quoi ?

Je leur révélerais bien la vraie signification de Figgo mais c’est plus sympa de laisser les gens essayer de deviner. Premier indice : chez Lucca, seul Alex notre italien d’origine a trouvé l’origine du nom Figgo ; second indice : ce n’est pas un fruit.